Le colibri et l’entreprise
Un jour dit une légende amérindienne, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le toucan, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! » Et le colibri lui répondit « Je le sais, mais je fais ma part. » C’est Pierre Rabhi qui rapporte cette légende lorsqu’il fonde son mouvement.
Quel lien avec l’entreprise ? L’entreprise a besoin de plus en plus de coopération, c’est-à-dire de la contribution de chacun, en fonction de son rôle, à un résultat collectif… Faire sa part, comme le colibri !
La coopération nécessite que chacun soit au clair avec son rôle et ses responsabilités afin d’agir avec intelligence et agilité au-delà du simple respect des règles et de l’application stricte des consignes. De même, comprendre les rôles et responsabilités des autres permet d’articuler sa propre contribution à un ensemble plus vaste. Cela participe à l’intelligence collective, indispensable à la gestion de la complexité omniprésente dans l’entreprise d’aujourd’hui.
« Faire sa part », c’est être centré sur le résultat…une évidence me direz-vous ! Oui mais cela signifie de ne pas confondre les moyens (faire des réunions) et le résultat visé (construire une solution adaptée), lutter contre l’agitation rassurante, garder le cap dans les urgences et les aléas quotidiens, adopter et conserver une vision macro, donc prendre du recul tout en agissant…
« Faire sa part », c’est aussi jouer collectif en dépassant les jeux individuels, en remplaçant le pouvoir sur les personnes par le pouvoir de faire avancer les dossiers, de confronter les points de vue avec bienveillance, en sachant poser les exigences de son métier dans le respect des autres métiers, en assumant sa part de responsabilité…
Tout cela !!!… Alors que l’action du colibri est simple en apparence !
Contrairement à ce que croit le toucan de la légende, aucune contribution n’est dérisoire car non seulement elle est utile au résultat mais aussi car elle est porteuse de sens pour la personne qui la réalise. Le sens qu’elle y trouve, ce qui lui permet de rester engagée dans la durée. Trop souvent, on souhaite « donner du sens », « faire adhérer au sens », « faire partager le sens » et on déploie beaucoup d’énergie dans une démarche très push, avec des résultats incertains. La clé réside dans ce que l’autre trouve « son sens » dans un projet et que la conjugaison des sens individuels fasse l’engagement collectif.
Aujourd’hui - et plus encore demain - les équipes sont élargies, composées de métiers différents, de professionnels aux statuts divers, de profils variés, qui travaillent dans des lieux distants, de façon asynchrone… Et la coopération est d’autant plus essentielle pour réussir.
Soyons tous des colibris, apportons notre contribution en fonction de notre rôle, avec autonomie et en interdépendance avec les autres qui concourent également à la réussite collective.